MONSIEUR H. – Négociant en haute mer
Découvrez la vie incroyable d’Henri Helle, contrebandier audacieux, marin légendaire et aventurier insatiable. Une autobiographie captivante, enrichie et rééditée en 2025.
« Suis-je fiché à Interpol ? » La réponse tenait en une notice :
« Henri Helle, ex-professeur d’histoire, ex-champion de ski, officier de réserve, inscrit à Tanger comme « Négociant en haute mer ». Trafic de cigarettes, incarcéré en Espagne, non-lieu en 1951. Jamais touché aux armes ni à la drogue. »
Comment ce modeste professeur d’histoire et fils de juge est-il devenu « Monsieur H. », le plus audacieux gentleman-contrebandier de Méditerranée ? Dans l’effervescence de l’après-guerre, il inventa la « contrebande légale » ce qu’on appelle la « Route des Blondes », inondant l’Europe de cigarettes américaines en exclusivité avec un panache inouï : ses camions blindés défilaient sur la Promenade des Anglais, escortés par la police elle-même !
Il aurait pu persister dans l’enseignement, être champion international de ski, faire fortune avec Emile Allais dans le commerce des articles de sport, suivre le commandant Cousteau avec qui il fit ses premières plongées, devenir armateur comme Onassis – mais il a flambé sa vie, ses millions, ses femmes et ses bateaux… Entre geôles et palaces, entre aventures avec le Vatican et la chasse au trésor de Rommel, ce séducteur joua avec les lois sans jamais franchir la ligne. Flamboyant mais jamais truand, il transforma chaque naufrage en nouveau départ pour la chasse à l’aventure et la liberté.
« Ne jamais arriver. Toujours partir »
Henri Helle
sa devise résume cette odyssée où l’aventure comptait plus que le butin. L’histoire vraie d’un homme qui fit de la contrebande un art et de sa vie un roman – brûlante, libre, irrésistible.
Je venais de dire:
– « Vous préférez les langoustes à la mayonnaise ou à l’américaine?
A cette seconde, une fantastique explosion, qui me sembla double – peut-être l’écho? – fit trembler le restaurant. Comme un fou, je me jetai dehors, sautai dans ma voiture en criant:
– Le bateau!
Quand j’arrivai au port, plus rien. A la place du quai, un immense entonnoir. Un ciel obscurci par un léger brouillard – du gaz-oil retombant en bruine fine. A droite, l’usine à gaz paraît en feu.
– Mon bateau! Où est mon bateau? C’est impossible! Il n’a pas disparu?
Sur l’eau, quelques débris ridicules faisaient lentement surface avec d’affreux gargouillis. Un morceau de toile, accrochée à un bout de bois qui devait provenir de la bôme, flottait. C’était trop horrible, je ne pouvais y croire. Non, ce n’était pas possible!
– Et les hommes?
Sûrement, je vais retrouver des survivants! Dans les ruines et les gravats de ce qui avait été le quai, je trébuche sur un corps couvert de sang. Dans la main de l’homme, il y a encore une laisse, et rien au bout. Je me penche: l’homme n’a presque plus de tête. Pourtant, il a l’air de vouloir parler. J’entends un murmure:
– J’ai mal aux dents…
Un rire hystérique me secoue. Autour de moi maintenant, des sirènes hurlent: police, ambulances, pompiers. A l’intérieur de moi aussi, tout hurle, tout s’effondre. »

UN GRAND AVENTURIER DES TEMPS MODERNES
Depuis des années, les proches d’Henri Helle l’encourageaient à écrire son histoire, celle d’un homme devenu légendaire sous le pseudonyme de Monsieur H. « Qui pourrait s’y intéresser ? Un jour, peut-être… » répondait-il, repoussant sans cesse le moment de rassembler ses souvenirs. Pourtant, à une époque où les récits vécus captivent des millions de lecteurs, Henri Helle finit par se laisser convaincre. Pendant six mois, depuis sa maison des Caraïbes, sur l’île française de Saint-Martin – dont l’histoire mériterait à elle seule un livre -, il se plongea dans l’écriture avec la passion et l’énergie qui ont toujours guidé ses entreprises.
Aujourd’hui, ce récit est enfin disponible. Publié initialement en 1974 et récompensé par le Prix du Livre à Cannes, cette nouvelle édition enrichie par Helle Publishing révèle des détails inédits sur la vie tumultueuse d’Henri Helle. À travers un style vivant et imagé, découvrez comment un jeune professeur de lettres, issu d’une famille de magistrats, en vint à se présenter comme « négociant en haute mer » – une formule élégante pour désigner un contrebandier d’un genre nouveau.
Innovant et audacieux, Henri Helle mit au point une méthode inédite, la « contrebande légale », défiant pendant près de huit ans les douaniers méditerranéens. Il ouvrit ce qu’on appela plus tard « la route des Blondes », accumulant une fortune colossale sous le nez des autorités.
De l’Espagne à Monte-Carlo, de Tanger aux côtes corses, en passant par les neiges d’Auron ou les bas-fonds de Valence, il mena une existence où l’aventure côtoyait sans cesse le danger. Qu’il s’agisse de trafics, de trésors mythiques ou de parties de jeu effrénées, Henri Helle brûla ses navires, ses millions et parfois même ses illusions, toujours guidé par sa devise : « Ne jamais arriver, toujours partir. »
Les échecs, pour lui, n’étaient que des prétextes à recommencer. Malgré les naufrages, les pertes et les défaites, il conserva jusqu’au bout ce sourire ironique et insoumis de ceux qui refusent de baisser les bras.
Cette édition 2025, augmentée de nouveaux chapitres, explore également ce qu’il advint après la parution du livre original – des révélations qui ajoutent une dimension inattendue à cette vie déjà extraordinaire. Et peut-être qu’il y aura une suite… ?
Henri Helle a ouvert la « Route des Blondes »
D’abord professeur d’histoire, puis moniteur de ski, il a ouvert plusieurs magasins spécialisés dans le Sud de la France avant de se tourner vers des affaires plus lucratives. Pendant la guerre, il a jonglé entre différentes activités et fait preuve d’un sens aigu de la débrouille.
Après la Libération, doté d’une forte envie de » vivre « selon ses dires, il a découvert la chasse sous-marine grâce au commandant Cousteau. C’est là que son histoire d’amour avec le commerce maritime a commencé. Il s’est rapidement lancé dans la vente de cigarettes en Méditerranée. Il a développé son activité entre l’Italie et l’Afrique du Nord et a du composer avec les douanes, les réglementations mais aussi, et cela fait partie du métier, de nombreuses déconvenues. Cependant, sa détermination sans faille et sa capacité à toujours rebondir lui ont permis de tirer son épingle du jeu.
S’il y a bien une chose qui a caractérisé Henri tout au long de son parcours, c’est la passion.
